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Journal de Francis ROGER
3 novembre 2013

JOURNAL de Francis ROGER Engagé Volontaire au

 

JOURNAL de Francis ROGER

 

Engagé Volontaire au 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique

-  2ème Escadron  -

 

 

12 RCA ROGER Portrait

 

Transcription des petits carnets de Francis ROGER :

12 RCA ROGER JOURNAL 1

 

JOUR   DU   DEPART

 

Engagé volontaire le 30 Août 1937 pour le 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique à Rabat, quitte Paris le 2 Septembre à 12 heures 37 et arrive à Bordeaux ce même jour à 8 heures du soir où je passe la nuit dans un hôtel, première nuit de cafard. J'embarque le 10 sur le "MEKNES" et je débarque à Casablanca le 13 Septembre à 7 heures 30 du matin.

10 mois se passent monotones et longs, enfin j'obtiens une permission de 29 jours, du 9 Juillet au 11 Août 1938. Ce fut pour moi une grande joie, 29 jours de tranquillité.

Je rejoins Rabat après 38 jours d'absence, peu de temps après, je suis détaché au 2ème R.C.A. à Mascara du 30 Septembre 1938 au 19 avril 1939.

Suis nommé 1ère Classe le 1er Juin 1940 et rengage de trois ans le 17 octobre 1940.

Affecté au Groupe Autonome du 1er R.C.A. le 28 Mars 1941

Rentre à l'infirmerie de Casa le 29 Mars 1941 et en sort le 16 Avril 41.

Embarque à Casa le 8 Juin 1941 sur le "MONTESQUIEU" et arrive à Dakar le 17 Juillet 41.

Suis présent à Thiès le 17 Juillet 1941.

Rentre à l'infirmerie de Thiès le 13 novembre 41 et en sort le 8 Décembre 41.

Suis détaché à N' Gaparou le 26 Décembre 42.

Nommé Brigadier le 1er Juin 1942.

Quitte N'Gaparou le 10 Janvier 1943 et rejoint Thiès le même jour. ( * N'Gaparou = Centre de repos en bord de mer)

 

Campagne de Tunisie 1943

 

Départ de Thiès le 9 Janvier 1943 par la route. Arrivée à Rufisque à midi. Départ de Rufisque à 3 heures, arrivée à Dakar à 5 heures 30.

Embarquement le Lundi 11 Janvier sur le "FORMALHAUT" à 14 heures. Les marins du "RICHELIEU" nous rendent les honneurs.

Arrivée à Casablanca le 21 Janvier à 17 heures, cantonnement au D.I.C. d'AÏn Bordja. Débarquement du matériel le 22 janvier 1943.

Transbordement sur le "JAMAÏQUE", le convoi est reformé.

Quittons Casablanca le mardi 26 Janvier 43 à 12 heures 30, arrivée à Gibraltar le 27 à 17 heures 30, où nous restons en rade pendant huit jours sans pouvoir descendre à terre.

Quittons Gibraltar le 5 Février à 1heure 30. Prenons un gros convoi en cours de route qui est d'environ 60 navires. Allons à bonne allure. Le Samedi 6 Février, bombardement par l'aviation ennemie à 20 heures. Nous ne perdons qu'un seul bateau. Arrivée à Alger le 7 Février 43 à 17 heures. Débarquement du matériel le lendemain 8 Février. 

Dirigés sur Maison Carrée que nous quittons le lendemain à 2 heures de l'après-midi pour la charmante petite ville de Boufarik. Nous sommes cantonnés dans le "Clos St Pierre" pendant 10 jours. Embarquons le matériel sur le train le 20 Février pour la Tunisie. Tout le monde à l'Escadron est en fête, ce jour tant attendu arrive enfin, mais que réserve l'avenir pour chacun de nous. Le moral est vraiment au dessus de tout. Aujourd'hui, c'est la grande revanche que chacun de nous attendait impatiemment. 

Nous voici à Tebessa, c'est la frontière algéro-tunisienne. Les Allemands ne sont loin. Débarquement des chars dans la nuit du 26 Février et allons cantonner à Cheria, et là, le 26 Février commence la chasse aux Fritz.

 

SOMUA 13 copie

 

10 Mars Bir el Ater, 11 Mars Tamerza, le 13 Redeyef, le 18 Moulares. Très bon accueil par la population. Mon char reste en panne, il porte le n° 13. Cela est bien mon....Il nous faut charger de moteur et il pleut à torrent. Nous travaillons quatre jours et trois nuits. Il nous faut retrouver l'Escadron. Nous quittons les braves gens chez qui nous étions à Moulares le 19 Arrivons à Gafsa le 20 Mars à 2 heures du matin. Nous repartons à 8 heures à M'Dilla le 21. Le 22, attaque de l'Escadron à la tombée de la nuit.

Le lendemain, un Peloton attaque seul, tout marche à merveille, aucune perte.

Le 28 Mars, nous sommes en position devant le Djebel Asker. Tirs d'artillerie de part et d'autre. Il nous est impossible d'approcher à plus de 1.500 mètres, mais nous navons que des 47 mm.

Enfin, la 8ème Armée enfonce la ligne Mareth le 5 Avril. Attaque d'artillerie. Tout l'Escadron est aux pluches lorsque les premiers obus arrivent. C'est du 105, nous avons de la veine. 100 mètres plus loin et cela faisait un beau carnage.

Le 7 Avril à 12 heures, sommes en position "jour fatal". Gigot pas cuit, pas de pinard, ordre de départ. Tant pis, on mangera mieux ce soir. Nous forçons les positions ennemies. C'est une vraie chasse à l'homme pendant 13 heures.

En suis, mon char part en reconnaissance dans le col de Bir Oum Ali. Le Lieutenant est derrière moi à 1000 mètres environ. Après avoir passé 3 chicanes, au moment où l'on s'y attendait le moins, un "boom de premier ordre", tout est à l'envers dans le char. J'entends le Chef GUERTON qui se plaint. Je voudrais sortir, mais je ne le peux pas. Je m'aperçois que je suis blessé à la jambe droite. Mon aide conducteur a le pied gauche en moins et ODY a les jambes raides. Il arrive à sortir et nous aide à sortir de ce four crématoire. Ce n'est pas beau dehors. On nous emmène à l'hôpital de M'Dilla, où nous en sortons avec ODY le 11 avril 1943 où nous rejoignons l'Escadron.

Nous partons avec ODY pour remettre le char en état à Boufarik, où nous en partons le 19 juin.

Le 19 Juin, Prise d'Armes et remises de décorations.   

Après le défilé, nous partons pour Laferrière où nous passons trois mois tranquilles.   

Le 26 Septembre, départ de Laferrière afin de percevoir le matériel américain qui nous est destiné.

Le 28 Septembre, départ de Casa pour la forêt de Temara à 20 km de Rabat.

Départ de Temara le Dimanche de Pâques à 11 heures 30, le 9 avril 1944, direction Casa. Arrivée à 17 heures 30. Ravaude dans le port. Embarquement du matériel le 10 avril sur chaland de débarquement.

Le personnel embarque le Mardi à 7 heures 30, couchette confortable. Le même jour, départ du convoi à partir de 15 heures. Sauf notre chaland qui reste à quai par suite d'une avarie de machine.

Le Mercredi 12 avril, nous débarquons et allons cantonner au D.I.M. de Casa en attendant la réparation.

Le Vendredi 21 Avril 1944, nous quittons l'Afrique du Nord à 11 heures 30. La mer est très mauvaise.

Le 23 avril, nous incorporons un convoi venant de Gibraltar, 80 bateaux envirion.

Le 27 Avril, mer toujours mauvaise, nous en avons déjà assez des secousses !

Samedi 29 Avril, le convoi se partage en deux, nous nous dirigeons vers l'Est.

Dimanche 30 avril, 2ème Dimanche passé à bord. Il y a une messe sur la plage avant.

Le Mardi 2 Mai, sommes en vue des côtes de Grande Bretagne.

Débarquement dans le port de Swansea à 14 heures. Très bon accueil de la part des Anglais.

 

12 RCA Sherman Savoie n° 30 copie

Quittons Swansea le 4 Mai à 8 heures pour Newport, après avoir essuyé la pluie toute la journée. Restons quelques jours à Hull, très jolie ville.

Mercredi 10 Mai 1944 départ 9 heures pour le cantonnement définitif Fimber. Logeons dans des marabouts anglais. Allons en permission de la journée à Driffield et Hull.

Nous apprenons le débarquement à lieu le 6 Juin 1944.

Le 19 Juin 1944, fête du Régiment, matin défilé, soir repas.

Le 3 Juillet 1944, remise de l'Etendard, Prise d'Armes.

Départ du bivouac de Fimber le 22 Juillet à18 heures 30. Nous embarquons les chars sur le train en gare de Driffield. Nous passons à Winchester, Southampton, arrivée à Bournemonts le Dimanche 23 Juillet 1944 à 10 heures 30. Nous sommes logés dans des villas.

Le 27 Juillet, Prise d'Armes à Bournemonts. Ordre du jour : Remise des insignes de la Division.

Le 29 Juillet, départ de Bournemonts à 9 heures 30, destination Dorchester, où l'on passe la nuit.

Embarquons au port  de Weymouth le 30 Juillet sur un chaland de débarquement.

Le 31 Juillet, mer calme, apercevons la côte à 16 heures 30, passons devant Cherbourg.

Soir du 1er Août, débarquons sur la plage de Ste-Mère-Eglise à 13 heures.

 

CAMPAGNE DE FRANCE  1944 - 1945

 

A 20 heures 30, départ pour La Haye du Puits. Roulons toute la nuit en passant par Pont l'Abbé - St Sauveur le Vicomte - La Haye du Puits.

Le Dimanche 6 Août 1944, passés par Periers - St Sauveur Lendelin - Coutances - Gavray - La Haye Pesnel - Pont - St Senier - Avranches - Ducey.

Lundi 7 Août, départ de Ducey à côté de St James.

Le 8 Août, départ à 18 heures 30, passés par Autrain - St Aubin du Cormier - Vitré - Argentré - Cosse Le Vivien - Quelaines - Château Gontier - Sablé - Pruillé - Rouillon - vers St Mars sous Ballon - Dissé sous Ballon. Pris position à la sortie nord de Nouans, avons passé la nuit sans dormir.

Le 11 Août, avance très dure. 14 heures 30, sommes arrivés au carrefour surplombant le village d'Ancinnes. Progression qui nous a couté très cher. Les routes bordées de haies sont infectées de tireurs isolés. Le char de MARTIN René est en flamme. Au 1er Escadron, il y en a un peu partout, encore un à notre gauche qui vient d'être percé. Drole de journée. Les cloches sonnent, Ancinnes est pris, mais à quel prix. Le char du Lieutenant RIVES est percé d'un coup de roquette. Encore deux à l'hôpital. Nous passons la nuit près de l'église d'Ancinnes, repos bien mérité.

12 Août 1944, 3 heures 30, sur la route d'Alençon ça chauffe. Alençon est touché. 17 heures 45,  sommes regroupés pour continuer, et toujours en avant.

13 Août, départ pour prendre contact avec l'ennemi en direction de Carrouges. 10 heures 45, sommes à St Nicolas des Bois. L'artillerie se donne à fond. 11 heures 30, l'aviation bombarde les chars ennemis. 12 heures 45, sommes dans le village de ... A 14 heures, sommes dans Rouperroux.

Le 14 Août, réveil en sursaut, branlebas de combat, du brouillard et des Boches avancent. Ils avancent, mais pas longtemps, car bientôt, on entend les mitrailleuses de toutes parts. Les Boches laissent 2 chars et une voiture blindée.

15 Août, messe pour les morts de la 2ème D.B.

16 Août, Argentan et Hauteville.

Du 17 au 21 Août, promenade dans le Perche.

Le 22 Août, arrivée à la ferme de Mathurin, à côté de ...

Départ de la ferme le 23, passons à Mortrée - Sées - Scolasse - Mortagne - Longny - Fontaine Simon -  Châteauneuf - St Chéron - Maintenon - Epernon - Rambouillet - Châteaufort - Chevreuse - Toussus le Noble - La Bièvre - Buc - Villacoublay - Plessis Robinson - Les Moulineaux - et enfin arrivons au Pont de Sèvres. A 21 heures, partons du Pont de Sèvres.

Le 24 Août à 18 heures, Porte de St Cloud - Place de la Concorde.

Départ de Paris le 26 Août pour la Porte de la Chapelle - St Denis - Pierrefitte - Courcelles - Montmagny.

12 RCA Char SAVOIE copie

 

CAMPAGNE DE LORRAINE

Montmagny le 8 Septembre 1944 - St Denis - St Ouen - Picpus - Charenton - Joinville le Pont - Nogent s/Marne - Coulommiers - Choisy - Nogent S/Seine - Romilly - Châtres - La Belle Etoile - Méry - Pont Ste Mary - St Parres - Lusigny - Vendeuvre sur Barse - Dolancourt - Jessains - Trannes - Bossancourt -

9 Septembre,  Bar sur Aube - Bayel - Lignol - Colombey -

11 Septembre, Contrexéville - Vittel - Valfroicourt -

13 au 21 Septembre, Dompaire (grande bataille) - Mazeley - Nomexy - Châtel  (*S/Moselle) -

22 Septembre, Zincourt - Moriville - Haillainville - Essey la Côte - Vennezey - Mattexey -

28 Septembre au 7 Octobre, Magnières - Moyen - Vathiménil - Chenevières - Hablainville - Mignéville - Benamènil - Chenevières - Ménil Flin - Domptail - St Pierremont - St Maurice (* S/Mortagne) -  Fauconcourt -

14 au 18 Octobre, Ortoncourt et fin de la Campagne de Lorraine.

 

CAMPAGNE D'ALSACE

 

Départ d'Ortoncourt le 18, passant par    Baccarat - Merviller - Montigny -  Ste Pôle - Badonviller - Val et Chatillon - Cirey.

Traversée des Vosges - La Frimbolle - St Michel - St Quirin - Lettenbach - Eigenthail - Walscheid - Haselbourg - Dabo - Obersteigen - Birkenwald - Salenthal -  Waldolwisheim - Furchhausen - Landersheim - Stutzheim - Strasbourg

Le 23 novembre 1944, Obernai - Mittelbergheim - St Pierre - Epfig - Scherwiller - Val de Ville - Châtenois.

30 Décembre, Sélestat - Epfig - Obernai - Molsheim - Wasselonne - Saverne - Phalsbourg - Mittelbronn - Rauviller - Hirschland - Eywiller - Gungwiller - Berg - Mackwiller - Lorentzen - Dehlingen - Oermingen - Etting - Achen - Gros Rederching :

 

La Fin Glorieuse d'un Peloton de chars, nuit du 3 au 4 Janvier 1945

 

Le 2 Janvier 1945, le 2ème Escadron quitte Goerlingen où il était en réserve de Corps d'Armée et se dirige vers l'Est  sur Schmittviller afin de se mettre en position défensive. Journée calme. Nous sommes les premiers Français qui cantonnons dans le village. Bon accueil, schnaps. Nuit calme. Le lendemain matin 3 Janvier, nous apprenons que les Américains ont du évacuer Achen au cours de la nuit. Il est repris dans le courant de la matinée et à 1 heure de l'après-midi nous passons de la défensive à l'offensive.

Devant nous, une succession de vallonnements infiniment sous la neige s'étend à perte de vue. A quelque vue devant nous, les premiers blockhaus la ligne Maginot. 

L'ordre de départ est arrivé, les fantassins grimpent sur les chars, le convoi s'ébranle. Nous empruntons toutes les coulées possibles afin de nous dissimuler aux yeux de l'ennemi, le terrain est particulièrement mauvais, les chars patinent, dérapent, glissent, , mais continuent malgré tout leur progression. Nous passons pas mal de points encore tenus par les Américains, ça et là, une grande guitoune où les hommes emmitouflés de blanc. Qu'ils semblent petits en face de la grandeur de cette nature déserte. Une halte, une grande dispersion en ligne de groupe. Le Peloton de ROGER ne comprend que quatre chars. Il est maintenant sur la crête qui domine le village de Gros-Rédersching. "ISERAN" signale le clocher du village qui abrite sans doute quelques observateurs indiscrets, puis il s'engage  derrière "LANGUEDOC" et "MAURIENNE" à l'intérieur du village. "SAVOIE II" reste sur la crête  en soutien, en profite pour démolir un nid de munitions que les fantassins lui désignent sur la colline en face. Il reçoit l'ordre de rejoindre au milieu du village, prend place derrière "MAURIENNE", tandis que "LANGUEDOC"  poursuit sa progression jusqu'à un blockhaus situé à la sortie nord du village.  La porte du blockhaus est défoncée par trois ruptures de l'Infanterie en charge de le nettoyer....une vraie boucherie...

 

Sherman Gros Rederching

 

"SAVOIE II" prend position sur la route ayant mission de surveillance sur la gauche. Un fantassin allemand cherche à regagner les premières maisons du village, il est aperçu par "MAURIENNE" qui se porte à la hauteur de "SAVOIE II", et à ce moment, le Lieutenant RIVES est blessé mortellement par un tireur isolé. Petit flottement dans le Peloton. "MAURIENNE" se replie, le Lieutenant RIVES est évacué et remplacé par le MDL/Chef FOREST. Le soir tombe, on prend le dispositif de nuit.. "LANGUEDOC" sur l'axe principal, "ISERAN" derrière la première maison du village en surveillance sur la droite, "SAVOIE II"  reste en surveillance sur la gauche et "MAURIENNE", légèrement en retrait. La nuit est maintenant tombée. L'attaque ayant été trop tardive, le nettoyage n'a pu se faire qu'incomplètement. Une patrouille allemande s'infiltre, fusillade assez vive, suivie de tirs de mortiers Une maison brûle, puis une autre, jetant dans la nuit de sinistres lueurs. Des éclats ricochent sur le blindage des chars. Tout repos est impossible, tant pis, on veillera. Une relève est prévue pour dans le milieu de la nuit.

A 11 heures du soir, moment d'accalmie, seules les maisons qui brulent font entendre les lugubres craquements des poutres qui se tordent et des murs qui s'écroulent. De temps en temps un coup de feu isolé qui semble un accident.

A  minuit, violent tir d'artillerie, c'est le moment de baisser la tête.

Une salve dans le milieu de la nuit, dans le lointain, bruits de chars, qu'est-ce ? Peut-être la relève attendue. Des chars en question passent devant le village et semblent se diriger vers la droite, on dirait des chars américains. Mais que font-ils ? Une fumée blanche illumine la nuit, le char non identifié se met à tirer sur les lignes allemandes. "LANGUEDOC" ouvre le feu  à droite et se fait ....par un char. C'est alors que va commencer la plus sinistre bataille de nuit. 

 

12 P 120 1 CR Gros Rederching plan

Position des Sherman dans la nuit du 3 au 4 Janvier 1945

 

4 Janvier, 1 heure du matin, sur la route, un char s'avance au ralenti, c'est un char américain. De tous côtés, on  entend des cris : "Américains...Américains" Dans le doute, "LANGUEDOC" hésite à ouvrir le feu, une fusée éclairante tombe devant "LANGUEDOC" qui à la minute même reçoit un obus dans la boite de vitesse. Il lui est impossible de rouler, ses occupant sortent, mais l'aide conducteur CIVILLATTI est blessé aux genoux et à la cuisse droite. Ses camarades le transportent vers l'arrière. 2ème fusée de la part de l'ennemi, c'est effrayant, la lumière nous aveugle, et lui, le boche nous tire comme au tir au lièvre à la lueur d'un projecteur. "ISERAN" est sa 2ème victime, "SAVOIE II" étant dans une mauvaise position, se replie d'une dizaine de mètres à l'abri d'une maison et ouvre le feu sur le char ennemi qui se trouve maintenant à la hauteur de "LANGUEDOC". Pendant son tir, toutes les armes automatiques se sont tues, mais voici la fusée fatale qui vient l'illuminer, il n'est déjà plus qu'une torche. Là aussi, l'équipage sort indemne. Ensuite, inexorablement vient le tour de "MAURIENNE". Le conducteur MARTIN est blessé, mais peut être évacué. Les chars du 2ème Peloton se consument avec leurs espérances

Dans la rue, la fusillade est vive, on aide les blessés à regagner les ambulances qui sont au moins à deux kilomètres en arrière. Chacun se replie comme il peut à travers la steppe de neige qu'arrosent les obus d'artillerie. Un groupe de fantassins américains venu en renfort se relaie avec des pertes sévères. Un violent tir d'artillerie interdit aux Allemands de prendre position dans le village.

Chacun prend place dans la voiture qui veut bien l'accueillir. C'est le retour sur les arrières, loin, loin, de ces dantesques visions.   

4 janvier - Singling - Bining - Dehlingen - Lorentzen -  Hirschland - Rauwiller - Sarrebourg - Saverne - Wasselonne - Irmstett - Lingolsheim - Quatzenheim - Dossenheim - Wiwersheim - Reitwiller - Berstett - Mittelhausbergen - Lingolsheim - Hentzheim - Geispolsheim - Marckolsheim - Kunheim - Neuf Brisach - Geispolsheim - Itenheim - Wasselonne - Romanswiller - Dabo - Rauwiller - Fénétrange - Munster - Albestroff.

Puis Grostenquin - Baronville - Brulange - Arraincourt - Herny - Chanville - Servigny lès Raville - Raville.

Fin de la Campagne d'Alsace le 14 Février 1945. 

 

R O Y A N

 

Quittons Argy (*Indre) le 9 Avril 1945 pour embarquer à Neuvy Pailloux.

Le 10, arrivons à Saint Jean d'Angely, partons par la route jusqu'à Paillé et nous attendons l'ordre de départ.

Départ de Paillé, passons Matha, Burée, arrêt à Saintes et arrivons à Courpignac.

Départ de Courpignac (* près Saintes), passons Thénac - Tesson - Gemozac - La Merletterie -Les Maréchaux.

Départ les Maréchaux - Grezac et Saujon

Royan le ...où mon char est en panne et rentre à l'atelier.

Retour avec la VL du Capitaine, Saujon - Saintes- Matha et retour à Paillé le 19 Avril 1945.

Je pars en mission aux Sables d'Olonnes le 22 Avril.

Départ d'Argy à 7 heures du matin, passons à Aulnay - Niort où nous faisons réparer la voiture et repartons à 10 heures et 1/2, passons à Luçon et les Sables à 12 heures 30. J'ai passé une journée très agréable NATAL qui était avec nous et ces quelques heures m'ont fait oublier un peu mes mauvais moments. Nous quittons les Sables à 6 heures du soir. Nous avons fait 500 Km dans la journée et je suis bien fatigué.

Le 24 Avril, je retourne à Royan avec l'Adjudant/Chef TITEUX et l'Adjudant HENRY pour voir le résultat de notre travail de ces derniers jours. Ce n'est pas joli, plus une maison debout et il nous faut faire attention où nous posons les pieds car c'est encore miné un peu partout. Nous faisons le tour de ce qui reste de la ville et nous fonçons sur Angoulême où nous allons voir de la famille à HENRY, gens très gentils où nous sommes très bien reçus. On ne peut s'attarder et prenons le chemin de Paillé où nous arrivons à 4 heures de l'après-midi. Encore une journée de passée.

25-26 Avril, Préparatifs de départ - RAS.

 A L L E M A G N E

Le 27 Avril 1945, quittons Paillé à 2 heures de l'après-midi pour aller embarquer à Cognac à 6 heures du soir.

Arrivons à Brumath le 27 avril où nous passons la nuit à la sortie de la ville. Il fait très froid et il pleut.

30 Avril 6heures 30, départ de Brumath, nous traversons le Rhin sur un pont de bateaux à 7 heures. Le premier village d'Allemagne que nous traversons est Rastatt (* près de Baden-Baden) -  Ettlingen - jusqu'à Grab.(*Nord-est de Stuttgart)

Départ de Grab, - Hall - Ilshoffen - Crailsheim - Ellwangen - passons le Danube à Dillingen - Holsheim - Altenfurster - Dinkelscherben.

Départ le 4 Mai à 10 heures, - Muttershoffen - Raffelhauser - Hiltenfingen - Untermeitingen - arrivée à Schondorf à minuit  (*au bord du lac Ammersee)

Le 5 Mai, préparatif de départ qui est annulé maintenant.

Schondorf est un petit village de Bavière, en face nous sont les Alpes autrichiennes encore couvertes de neige.

8 Mai, depuis hier 2 heures du matin, l'Armistice est signé. On ne s'en rend pas bien compte, on a même pas l'air d'y penser. Depuis le temps que nous attendions ce jour là.

Maintenant, j'attends impatiemment  le moment du retour, à quand le grand jour ? Je me le demande tous les jours de plus en plus.

8 Mai 1945, finie la Guerre, ce qui ne m'empêche pas de prendre la garde. De garde, de Prise d'Armes, réunion des Anciens de Tunisie.

9 Mai, sortie de Peloton de jour. Ai giflé une Fritz.

10 Mai, de jour, ais reçu une lettre de Solange, ai fais réponse. Je suis très fatigué.

11 Mai, Revue d'armes. Cet après-midi, baignade au lac de Schondorf. Ce soir je m'ennuie.

12 Mai, Appel général en arme. Ordre du jour : entretien des chars. Après-midi, baignade au lac.

Dimanche 13 Mai, aujourdhui, j'ai le cafard. Il fait un temps magnifique.

Arrivé à Schondorf chez une brave Allemande qui s'est permis de nous faire coucher par terre alors qu'elle avait trois grands lits disponibles. Le lendemain avec ORTEMAN nous avons décidé d'occuper chacun un lit. Qui fut dit fut fait dans les règles de l'art. A 10 heures et 1/2 du soir, nous sommes montés dans la chambre, nous avons arrosé les drap à l'eau de Cologne, c'était une fois fait, parfumé.

Samedi 19 Mai. Départ 4 heures du matin pour défiler devant le Général de GAULLE à Augsburg. Le Général LECLERC est promu Grand Croix de la Légion d'honneur. Le défilé a été très pénible en raison de la chaleur.

Dimanche 20 Mai. Ce matin, je me suis levé à 8 heures et 1/2. J'ai encore très mal à la tête d'avoir respiré toutes ces odeurs de gaz oïl et d'essence. A l'heure où j'écris ces lignes, je suis allongé sous un arbre à l'abri du soleil. Il y fait vraiment bon, mais tout ces beaux paysages manquent de gaieté, vivement le retour en France.

Vendredi 25 Mai. Départ de Schondorf à 8 heures 30 - Landsberg - Mindelheim - Steinheim - Biberach - Riedlinger.

Samedi 26 Mai, départ à 7 heures du matin de Riedlinger - Reutlingen - Tutingen - Karlsruhe - Rastatt - Kehl - pont sur le Rhin de Strasbourg. Arrivée à 2 heures du matin le Dimanche. Prise de gueule avec le Chef de Peloton.

Dimanche 27 Mai, grosse bulle tout l'après-midi.

Jeudi 31 Mai, Nous quittons Strasbourg par voie ferrée. Passons à Montereau et débarquons pour aller cantonner Montcourt, à cinq kilomètres de Nemours. Accueil plutôt calme.

Dimanche 3 Juin, suis désigné comme gérant de la popote, me voila pour un mois à être tranquille.

Permission de 24 heures le 8 Juin.

Permission de détente du 9 au 13 Juillet.

Démobilisation le 22 Août 1945, laissons la place aux jeunes.

 

F I N  DU JOURNAL

 

Chasseur Francis ROGER, engagé volontaire pour 3 ans le 31 Août 1937.

Brigadier le 1er Juillet 1942

Brigadier/Chef le1er Avril 1943

Maréchal des Logis le 1er Septembre 1944

Démobilisé le 22 Août 1945

 

C I T A T I O N S

12 RCA ROGER citation 1

 

12 RCA ROGER citation 2

 

P O R T    D  E    L  A   P R E S I D E N T I A L

12 RCA ROGER titre presidential

 

T I T R E   DE   P E R M I S S I O N  -  A O Û T   1 9 4 5

12 RCA ROGER titre de permission

 

F I C H E    D E   D E M O B I L I S A T I O N  -  A O Û T  1 9 4 5

12 RCA ROGER fiche de démobilisation

 

 

S A C O C H E   R E C U P E R E E   D' U N   O F F I C I E R   A L L E M A N D  -  1 9 4 5

12 RCA ROGER JOURNAL 34

 

 

M E D A I L L I E R

12 RCA ROGER médaillier

 

  Suivant les documents transmis par Monsieur Patrick ROGER, fils du MDL Francis ROGER.

 

* note de la rédaction du blog.

 

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